Au-delà du Regard

L’âme du Myanmar et du Laos

Profondément ému par sa découverte de ces cultures qui ont su préserver leur authenticité jusqu'à nos jours, Ivan Maria Friedman nous offre un voyage intérieur à la rencontre d'une humanité pleine de dignité, de grâce, qui sait encore vivre en harmonie avec l'autre, avec la nature, au rythme des saisons, des cycles lunaires, du travail manuel, des traditions et des cultes anciens, toujours bien vivants.

Au-delà du regard veut ici signifier : se plonger dans la transparence du regard de l’autre, devenir soi-même transparence pour l’autre. Passer outre l’opacité des différences de culture, d’idéologie, de religion, pour découvrir ce qu’il y a, de part et d’autre, d'identique, de pleinement humain et de fondamentalement universel.

Parcourir le monde est aussi une façon de voyager en soi-même. L’autre est un miroir de soi, et la découverte de nouveaux univers est l’opportunité d’interroger nos propres certitudes, notre vision du monde, notre mode de vie et nos priorités. Ces œuvres invitent à un voyage introspectif sur la signification de la paix et de la liberté dans notre vie quotidienne.

Groupe de sept enfants assis dans l'herbe, regardant vers l'objectif, avec une maison en arrière-plan et un ciel clair.

Au MYANMAR, nous nous trouvons aux abords du grand fleuve Irrawaddy, dans la ville sainte de Bagan, ancienne capitale du puissant royaume de Pagan, connue pour sa vaste plaine parsemée de milliers de temples. Nous vivons les derniers mois avant le coup d'état sanglant qui replongera, une fois de plus, le pays entier dans le drame et la pauvreté.

Le calme avant le chaos, et par un étrange jeu du destin, sans doute aussi la période la plus lumineuse de l'histoire récente du pays. Tout est comme figé, hors du temps, en miraculeuse suspension entre deux mondes. La vie suit le rythme du fleuve et des récitations bouddhistes. Les chars à bœufs soulèvent des nuages de poussière au loin. La religion est pratiquée comme il y a cinq cent ans. La vie et la mort coexistent. Une grâce et une force indescriptibles dans les regards.

Un portrait en noir et blanc d'un homme âgé avec des cheveux gris, regards perçants, visage marqué par le temps, portant une chemise ouverte

C’est là, dans la sobriété joyeuse d’une vie simple, dans le silence des monastères chauffés par le soleil brûlant, que l’on renoue avec cette indescriptible intensité du moment présent, silencieuse, calme, qui insuffle une signification quasi mystique à l’apparition soudaine de chaque scène, de chaque expression de visage, de chaque sourire, de chaque regard et de chaque geste.

Les mots, la photographie, le film… on peut s’essayer par tous les moyens à traduire l’indicible, mais on n’y parvient jamais tout-à-fait. Que dire encore, si ce n’est que ce fut, en ce temps-là, le plus bel endroit sur terre. Dans les mois qui suivirent, ce paradis a sombré dans les feux de l'enfer. Qui sait jusqu'à quand et s'il reviendra un jour, au moins, l’ombre de ce qu'il fut en ce temps-là.

Une vue d'une rivière calme entourée de montagnes verdoyantes sous un ciel clair et ensoleillé.
Femme en costume traditionnel avec des bijoux en argent, tenant un plateau avec des raisins.

Nous traversons ensuite une bonne partie du LAOS, ici encore, en quête de cette humanité des temps anciens. Depuis les rives du Mékong à Luang Prabang, aux eaux sereines de la rivière Nam Ou, on traverse Muang Khua, Muang Ngoy et Nong Khiaw... jusqu'aux paysages montagneux enchantés de Vang Vieng. À chaque arrêt, on redécouvre cette vie simple, cette innocence dans les regards et les gestes.

Encore une fois, le temps se dérobe. On se laisse aspirer par les rencontres et les événements. On vit constamment sur la crête de l’imprévisible. La beauté, encore: une beauté simple, évidente, mais qui ne cherche pas à l’être ; qui est d’autant plus belle car elle s’ignore elle-même. La beauté au milieu de l’extrême pauvreté aussi, comme une fleur qui trouverait son chemin à travers les fissures d’un bitume brûlé par le soleil. On vit parfois à dix ou quinze dans la même maisonnette de bambou tressé. On travaille dans les rizières depuis l’aube jusqu’au soir, sous un soleil de plomb. Là aussi, on vit et on meurt d’un rien. Toujours, malgré tout, ces sourires, cette générosité, cette joie pour les petits riens, qui a le don de bouleverser jusqu’au séisme intérieur le voyageur qui s’aventure.

On se demande ce qu’est vraiment le bonheur, et si, nous autres, tout occupés à le poursuivre par toutes sortes de magies modernes, ne l’aurions pas, par hasard, oublié en chemin.

Une femme portant un chapeau en osier regarde vers la droite au bord d'une rivière avec un bateau en bambou dans le fond.

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